Le rôle du football dans le développement local

C’est vrai que la nation exalte et que l’Europe motive mais je dirais que la région structure et la commune enracine. C’est aussi vrai dans le football : la sélection en équipe nationale exalte, l’Euro, la Champion’s League sont très motivants mais au départ, on joue dans son championnat régional, pour le club de son enfance ! L’homme européen vit dans un espace à géométrie variable. » C’est par ces mots que Michel Platini a ouvert à Bruxelles son discours devant les représentants européens des collectivités territoriales réunis dans le cadre de la session plénière du Comité des régions. Une intervention qui en soi constituait une première !

Dans un contexte juridique en pleine mutation, avec notamment l’adoption du traité de Lisbonne fin 2009, qui reconnaît pour la première fois une certaine spécificité du sport à l’échelle européenne, le président de l’UEFA a appelé les acteurs locaux directement impliqués dans la mise en Å“uvre des politiques sportives (infrastructures, éducation, financement…) à Å“uvrer de concert avec les fédérations afin d’utiliser encore davantage le football comme outil d’intégration et de développement économique.

« LE FOOT INTEGRE BIEN AVANT L’ECOLE »

En cette année 2010 déclarée « Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale », le président de l’UEFA a tenu à rappeler le rôle que peut jouer le football dans les politiques d’intégration, particulièrement au niveau local. « Dans de nombreux cas, c’est le foot qui intègre bien avant l’école et les services sociaux et c’est le foot qui socialise les jeunes individus et leur donne leur identité de base » tient-il à rappeler. Une vision partagée par Ramón Luis Valcárcel Siso, vice-président du CDR, qui présidait la session plénière. « Le sport partage de nombreuses valeurs avec l’Europe. Il nous aide à trouver des solutions dans un large éventail de domaines : la santé, la citoyenneté, l’intégration et le dialogue interculturel. L’UE a compris que le sport peut également jouer un rôle dans l’émergence d’une véritable identité européenne. »

Michel Platini se félicite des coopérations nouées entre les fédérations et les autorités locales dans ce domaine et appelle à intégrer encore davantage cette dimension sociale du football dans les différents champs qui relèvent de leurs compétences, en particulier au niveau des infrastructures, de la formation, de l’éducation ou encore du financement. Le  » fair-play financier » et le système de licences développés par l’UEFA, dont les objectifs ont été rappelés avec force par son président, vont dans ce sens.

VITRINES TOURISTIQUES

Si le football constitue un puissant vecteur d’intégration au niveau local, il est également le théâtre de certaines formes de violences. Une situation que le président de l’UEFA entend combattre sans relâche, avec l’appui des acteurs locaux.  » J’avais suggéré en 2007 au cours d’une conférence à Bruxelles qu’il fallait inventer ’une police européenne du sport’, c’est-à-dire donner les moyens aux diverses polices nationales et municipales de se coordonner, de dialoguer, d’échanger en temps réel des informations pertinentes, de bénéficier mutuellement des expériences de formation. Trois ans après, force est de constater que beaucoup de progrès a été accompli grâce à une coopération efficace entre l’UEFA, les gouvernements nationaux, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe. Nous sommes sur la bonne voie. »

Prenant pour exemple les deux derniers championnats d’Europe de football (au Portugal en 2004 et en Suisse-Autriche en 2008) qui se sont déroulés pratiquement sans aucun incident, Michel Platini s’est félicité que l’accueil des grands rendez-vous de football soient désormais perçu comme des vitrines touristiques permettant le développement économique des villes européennes. « A l’initiative du maire de Barcelone, Jordi Hereu, la ville de Barcelone, l’UEFA et l’Association européenne des clubs ont organisé en février dernier un grand forum où les villes, les clubs et les supporteurs se sont retrouvés pour imaginer un avenir différent du présent et surtout du passé. Mon intention est de continuer dans cette voie pour approfondir les partenariats et faire fructifier les bonnes volontés », a-t-il déclaré. Un axe de réflexion qui a particulièrement intéressé les acteurs locaux, qui se sont dits prêts à accompagner le président de l’UEFA sur ce chemin.


Julian Jappert et Sylvain Landa (Sport et Citoyenneté)