L’exigence de sobriété énergétique dans le sport

Le sport n’échappe pas aux exigences de sobriété énergétique s’imposant progressivement à toutes les activités humaines, et surtout depuis ces derniers mois eu égard au contexte tant national qu’international. Madame Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, a saisi la nécessité d’impulser des actions concrètes pour permettre au monde du sport, amateur et professionnel, de passer déjà l’hiver sans risquer de devoir arrêter le déroulement des entrainements et des compétitions.

 

C’est aussi pour atteindre l’objectif de réduction de 10% de la consommation d’énergie d’ici 2024 et de 40% d’ici 2050 que la ministre a décidé de réunir des représentants de l’ensemble des parties prenantes du sport en France, déterminés et volontaires pour apporter une contribution collective à cette démarche, à la hauteur de la place du secteur dans la société et l’économie. Néanmoins, il convient si possible de limiter les contraintes et les injonctions.

 

Pour ce faire, la ministre a contribué à construire un plan d’action avec plus de 50 acteurs reflétant la diversité du secteur sportif et représentant plus de 300 000 structures. Ces travaux, qui sont la première étape de la contribution du sport à la transition écologique en France, ont permis d’examiner 290 propositions et d’aboutir à un plan de sobriété énergétique du sport comportant 40 mesures priorisées et phasées dans le temps.

 

A titre d’exemple parmi les principaux axes d’action, la mobilité est un levier majeur pour agir sur l’empreinte carbone. A ce titre, les acteurs du sport ont adopté plusieurs mesures innovantes dont l’expérimentation, en lien avec les collectivités territoriales, de la gratuité des transports en commun pour les porteurs de billets le jour des événements sportifs, le développement de la marche grâce au « design actif » dans les villes incitant à la pratique spontanée et la densification des stationnements sécurisés pour les vélos.

 

Les acteurs du sport doivent s’engager également dans une démarche structurante s’agissant du format des compétitions pour optimiser les déplacements dans le cadre des rencontres sportives, tant pour le sport amateur que sur les déplacements des clubs professionnels, qui pourrait être modifié lors des prochaines saisons.

 

Le développement, à toutes les échelles, des compétitions contribue fortement à l’impact du sport sur l’environnement, d’autant qu’il a été démontré dans le calcul de l’impact carbone des évènements que le transport est la source de pollution la plus importante.

 

La population en général, et les jeunes générations en particulier, sont de plus en plus mobilisées pour la cause climatique. Si les fabricants de produits sportifs y sont déjà confrontés et ont dû s’adapter, le niveau d’acceptabilité de la population envers les évènements sportifs pourrait devenir de plus en plus faible dans les années à venir.

 

Dans le souci d’une approche la plus consensuelle possible, l’Agence de la transition écologique (ADEME) a développé un scenario pour 2050 dans le cadre duquel la cohésion sociale pourra se maintenir grâce à une nouvelle gouvernance harmonisant les rapports entre les institutions publiques, la société civile et le secteur privé.

 

De manière générale, l’utilisateur de demain va privilégier de plus en plus des actions permettant le partage et la consommation responsable. Pour atteindre la neutralité carbone, le système économique, et donc associatif, devra allier l’efficacité et la sobriété sur les bases renouvelées d’une coordination stratégique entre les trois niveaux national, régional et local.

 

En particulier, l’aménagement du territoire doit se repenser autour de la proximité et des mobilités douces. Les transports à grande distance diminueront et l’autonomie des territoires se renforcera dans un contexte où l’économie circulaire se développera pour réduire à la fois la consommation de ressources et le rejet de déchets.

 

Par conséquent, le mouvement sportif doit tenir compte dès aujourd’hui des conditions d’organisation des événements sportifs et de la pratique sportive dans un contexte de changement climatique. Cela impose également une réflexion sur les équipements et les sites de pratique sportive. Plus largement, en ce qui concerne les équipements nouveaux à construire, il faudra faire preuve d’une plus grande réflexion lors de la mise en place des grandes infrastructures.

 

L’aménagement doit se penser autour de la proximité, avec des équipements sportifs du quotidien localisés de façon à minimiser les distances parcourues et adapter l’offre sportive. De façon générale, la modernisation et la réhabilitation, notamment thermique de tous les bâtiments, sera une priorité.

 

Les pratiques sportives associatives connaîtront un développement si elles font partie des activités éco-compatibles. En effet, la convivialité, le lien social, la santé et la citoyenneté seront des critères à préviligier. Du fait de la réduction prévisible des consommations traditionnelles actuellement très individualistes, les nouvelles approches se reconstitueront autour de consommations plus collectives ce que permet la pratique des activités physiques et sportives.

 

En outre, dans une démarche d’amélioration continue, une charte des organisateurs d’évènements a été rédigée en collaboration averc WWF France et actualisée prévoyant quinze engagements écoresponsables pour les gestionnaires de grands équipements sportifs et de sites d’accueil, ainsi que des objectifs de responsabilité environnementale et sociale en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

 

De manière générale, cette charte vise à accompagner les organisateurs d’événements sportifs dans la mise en place des objectifs du développement durable au sens large, ainsi qu’au respect des objectifs environnementaux nationaux tels que l’atteinte de la neutralité carbone et la préservation de la biodiversité.

 

C’est pourquoi, les organisateurs d’événements sportifs signataires de la charte s’engagent à tout mettre en œuvre afin d’atteindre d’ici 2025 lors des événements quinze nouveaux objectifs, c’est à dire à les mesurer et à en assurer le suivi. L’engagement de chaque organisation signataire porte sur les objectifs pour lesquels celle-ci est en responsabilité, sur l’ensemble des phases de planification, de montage, de déroulement et de démontage, en dehors de la construction des infrastructures elles-mêmes.

 

Pour ce faire, quatre axes principaux ont été privilégiés consistant à limiter et à mesurer l’impact environnemental, à agir pour une économie plus responsable, à lutter contre les discriminations, ainsi qu’à informer, sensibiliser et former sur les thématiques précitées.

 

Il s’agit bien d’une charte d’engagement volontaire ouverte à tout organisateur d’événement respectant les conditions d’adhésion et s’engageant non seulement à évaluer le niveau d’atteinte des objectifs selon un guide d’accompagnement à l’évaluation, mais aussi à publier un rapport intermédiaire et un rapport global. En effet, plus la démarche des acteurs du mouvement sportif sera volontaire, plus les chances de succès seront grandes sur la durée.