Faux départ pour les grands stades

En rejetant, mercredi 28 janvier, l’amendement au plan de relance qui prévoyait de reconnaître le caractère d’équipement d’ »intérêt général » au futur stade de l’Olympique lyonnais, les parlementaires ont rouvert le dossier explosif des stades.

« J’ai fait mon boulot, maintenant, les députés décident ce qu’ils veulent », ne décolère pas Philippe Séguin, qui a remis son rapport « Grands stades » à François Fillon le 24 novembre 2008. « Qu’on fasse des stades, des papillotes, ce n’est plus mon affaire », s’emporte le président de la Cour des comptes, qui préconisait que les enceintes sportives soient reconnues d’ »intérêt général » afin de faciliter le financement de leurs dessertes par les collectivités locales. Cette mesure figurait aussi dans le rapport sur la compétitivité du football français rendu début novembre 2008 par Eric Besson. Les clubs engagés dans des projets de stade s’étonnent que le législateur ne suive pas cette recommandation.

« Tout le monde est d’accord pour dire que la France accuse un retard considérable mais quand vient le temps de l’action, les stades deviennent des enjeux de rivalités politico-médiatiques et ça bloque », se désole Xavier Thuilot, le directeur général du club de Lille. « A Lille, nous avons mené des combats d’anthologie avec les pouvoirs publics, se souvient-il, Parce que le football véhicule le fantasme de milliardaires en short qui courent après un ballon ! »

« Pourtant, la construction d’un stade n’a rien d’un gadget, la durée de vie d’un tel équipement est de 50 ans, 80 ans voire 100 ans », insiste Xavier Thuilot. Le projet de Lille, déjà très avancé (stade de 50 000 places à l’horizon 2012), ne sera pas affecté par le refus des parlementaires. « L’amendement était intéressant en revanche pour Lyon et les autres clubs portant un projet » : Le Mans, Lens, Valenciennes, Strasbourg, Marseille ou Nice.

« C’est à se demander s’il y a une volonté générale que le football se dote d’infrastructures modernes, s’interroge Eric Roy, directeur du développement de l’OGC Nice. Si un stade où 40 000 spectateurs peuvent suivre dans les conditions optimales un spectacle de foot n’est pas un équipement d’intérêt général, je ne vois pas ce qui peut l’être. »

Pour Xavier Thuilot, « les stades sont des opportunités extraordinaires dans un moment de crise comme celui-ci ». Même son de cloche à Lyon. « OL Land, ce sont 2 500 emplois pour les trois ans à venir », promet Jean-Michel Aulas. « Contrairement à ce qui est perçu, ce n’est pas un amendement OL Land, ce dispositif ferait avancer tous les projets de stade d’origine privée », assure le président lyonnais. « Pour que la France se porte candidate à l’organisation de l’Euro 2016, il faut que les grands stades soient en phase de lancement. Il faut donc voter cette loi, insiste le patron de l’OL. J’attends beaucoup de la réunion interministérielle à Lyon le 2 février. Il serait étonnant que François Fillon ou Patrick Devedjian ne s’expriment pas sur ce sujet. »

Source : Le Monde 2 février 2009 : Simon Roger