Le cyclisme est le sport le plus surveillé

 

Au lendemain de la fin du Tour de France, certains observateurs optimistes se prennent à rêver à un tour apparemment propre. D’autres plus pessimistes affirment que certains coureurs ont un coup d’avance sur le dépistage. Entre les produits masquant et les procédés indétectables, la lutte antidopage tournerait à la mascarade.

 

Le dopage est en perpétuelle évolution avec les progrès constants de la pharmacologie et les facilités qu’offre le commerce en ligne pour se procurer des produits dopants. Dans le même temps, l’État français ne consacre que 7 millions d’euros en subvention à l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), et seulement 1,27 millions d’euros pour la politique de prévention en 2013. Ce sont les données publiées par la Cour des Comptes en février 2015 dans le cadre de son rapport annuel.

 

Les contraintes des finances publiques lui interdisent d’augmenter son effort financier au service de cette politique. L’enjeu est donc bien d’en renforcer l’efficacité et l’efficience à moyens constants.

 

En pratique, l’AFLD ne peut pas organiser de contrôles lors de compétitions internationales se déroulant en France que de manière limitée en coordination avec les fédérations internationales compétentes ou l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).

 

Un accord de coopération a ainsi été signé avec l’Union cycliste internationale (UCI) pour effectuer des contrôles antidopage lors des grandes compétitions cyclistes inscrites au calendrier international se déroulant en France, dont le Tour de France. Cet accord demeure le seul de cette ampleur à ce jour alors que des compétitions internationales sont organisées chaque année dans de nombreuses disciplines sportives.

 

En 2013, l’AFLD n’a réalisé à la demande des fédérations internationales que 3 contrôles en natation, 14 en triathlon, 138 en rugby, mais 703 pour le cyclisme. Sur le plan national, c’est aussi le cyclisme qui est également le plus contrôlé juste devant l’athlétisme, comme cela ressort du rapport d’activité de l’AFLD pour l’année 2014.

 

La lutte contre le dopage s’adresse d’abord au sport d’élite, c’est-à-dire à deux cibles : une première d’environ 20 000 sportifs (ou anciens sportifs) d’élite et une deuxième, appelée « groupe cible », et constituée chaque année par l’agence de quelques centaines de sportifs choisis au sein de la première cible. Les contrôles de ce groupe soumis à des règles de surveillance spécifiques peuvent être diligentés en compétition ou à l’entraînement en vue des compétitions.

 

Toutefois, pour l’agence, conformément au Code du sport, la lutte contre le dopage doit également servir des préoccupations de santé publique. Elle s’adresse donc aussi à une cible très large de 17 millions de sportifs licenciés.

 

Deux tiers des prélèvements sont réalisés sur la cible la plus large des sportifs licenciés de tout niveau, et un tiers sur les sportifs « espoirs », de haut-niveau ou professionnels.

 

Au-delà du débat consistant à critiquer l’efficacité de la lutte contre le dopage dans le sport de haut-niveau, il est impératif que l’AFLD se concentre sur la politique de prévention du dopage qui relève du ministère chargé des sports avec l’appui du mouvement sportif.

 

En effet, il ressort d’une enquête menée récemment par la FNORS que les milieux sportifs n’associent pas clairement le dopage à un risque pour la santé et que la liste des produits interdits n’est pas connue de tous. Il existe même un véritable courant de tolérance ou d’acceptation du dopage dans l’esprit du plus grand nombre.

 

Comme l’indique la Cour des Comptes, il faudrait disposer de connaissances fiables sur le phénomène du dopage pour mettre en place de moyens efficaces en matière de prévention contre le dopage.

 

Malheureusement, il n’existe actuellement aucune étude épidémiologique permettant de dresser une cartographie détaillée des pratiques de dopage et des conséquences pour la santé. L’absence d’étude établissant de manière irréfutable les effets néfastes du dopage sur la santé contribue à conforter un certain courant de tolérance. Or, même les sportifs ayant une pratique de loisir peuvent être concernés par la consommation de produits figurant sur la liste des produits dopants.

 

Force est de constater que ce ne sont pas donc les contrôles les plus médiatisés qui garantissent que la prévention atteint efficacement le grand public dans sa pratique de loisir, et notamment les plus jeunes.

 

Benoît DUMOLLARD, avocat